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24 novembre 2013

4. Quand l'Est Républicain fait la propagande de l'Union

Le Canard Enchaîné du 20 novembre 2013 en a informé les Français: la Presse Quotidienne Régionale (PQR) aux mains du Crédit Mutuel, la banque dirigée par le pédégé Muchel Lucas, vient de faire passer la propagande de l'Union européenne pour un article journalistique. Dans l'édition du 13 novembre 2013, une pleine page est dédiée à l'Union européenne, à l'occasion des prochaines élections du Parlement européen.Selon le Canard, les journalistes se seraient battus pour que cette page apparaisse clairement pour ce qu'elle est: une pub. Une mention apparaît effectivement en bas de page: "Page réalisée en partenariat avec la Commission européenne". Le Canard commente: ""Partenariat", cela veut dire "payé par""? Les titres concernés appartiennent au groupe Est Bourgogne Rhône Alpes (EBRA), premier groupe de PQR en France, couvrent pratiquement tout l'est du Pays (voir notre billet consacré à la question).

Détourner le débat public

Commencer par citer François Mitterrand: "Il faut "un véritable combat des idées, que tous engagent un grand dialogue, quelquefois fracassant, afin de passionner les masses et de mobiliser un pays comme le nôtre."" A quelques mois des élections européennes, le débat serait monopolosé par les "adversaires de l'Union". Et de citer "un responsable français" (lequel?": "Les europhobes affirment: la politique européenne n'est pas idéale, il faut supprimer l'Europe. (...) Mais ce n'est pas parce qu'on peut critiquer la politique française qu'on va demander la suppression de la France!" Jacques Delors, pape de l'eurobéatitude en France, est invoqué pour tempérer le débat. "Oui, il y a une poussée eurosceptique. Mais ces forces en progression dans la plupart des pays "resteront minoritaires au Parlement." Le programme de "Dialogue citoyen" proposé par la Commission européenne - jouissant de fonds considérables pour cette campagne d'infecte propagande - est censée légitimer une institution qui a perdu tout crédit.

Consommateurs et eurodéputés au secours de l'UE

Les "consommateurs" sont invoqués, et Benoît Hamon (noniste en 2005) présente des alibis pour cette Union européenne qui mène une politique criminelle au service du gouvernement Allemand (1).  Non, les consommateurs ne sont pas pris en compte par l'Union européenne: ceux-là sont considérés comme des moutons qui - quand sera ratifié le Traité de Libre-Echange UE-USA - auront tout le loisir de trouver du boeuf chloré et des OGM dans leur assiette importée du Middle West et de son agriculture productiviste. Alors qu'est-ce que la fameuse loi de Benoit Hamon pour les consommateurs ajoute de droits aux citoyens? Le fait de pouvoir résilier un contrat au bout de 14 jours et non 7 jours? La belle jambe, comme si le Parlement national était incapable de telle décision ô combien courageuses!

Non, les eurodéputés n'ont aucun pouvoir: ils n'ont pas - dans le cadre du Traité de Lisbonne - ni initiative législative, ni initiative budgétaire. Au surplus, le Cadre Financier Pluriannuel qui vient d'être introduit et sera voté le 2 décembre 2013 (avant les élections) imposera au prochain Parlement européen les cadres de sa politique budgétaire.: l'austérité est gravée dans le marbre. On nous dit dans cet article: "Ces eurodéputés auront enfin la faculté nouvelle d'influer sur la désignation du futur président de la Commission européenne, de dire s'ils le souhaitent de droite ou de gauche Ainsi le veut le Traité européen revu à Lisbonne en 2007." Or, c'est l'Allemand Martin Schultz, membre de la SPD, actuel Président du Parlement européen et candidat à la Commission du PS français, qui devrait être proposé à la tête de la Commission. (2) De droite ou de gauche? "Droite" et "Gauche" cogèrent le Parlement européen! Le Président du Parlement est traditionnellement désigné tous les deux ans pour cogérer le Parlement! Le Traité de Lisbonne? Copier-coller du Traité Constitutionnel européen refusé en 2005 par référendum!

Le règne des sophistes!

Quel "europhobe" prétend "supprimer l'Europe", comme le prétend le prétendu "responsable Français"? (prétendu faisant peser le doute à fois sur le mot "responsable" et sur le mot "Français"?

Il ne s'agit pas de "supprimmer l'Europe" mais d'en finir avec l'Union européenne, qui n'est pas l'Europe mais l'anti-Europe, qui est même contraire à l'esprit européen. L'Europe est un continent peuplé de Nations: elle doit être décrite telle qu'elle est, c'est-à-dire comme dominée par une organisation supranationale qui méprise l'idée "d'égale souveraineté entre les Nations", base de l'Organisation des Nations Unies (4). Cette Europe-là, l'Union européenne, a désormais - dans les termes de l'enseignant-chercheur économiste Cédric Durand - introduit des rapports semi-coloniaux avec la Grèce. (3) Elle a accepté l'espionnage généralisé des agences de renseignements des Etats-Unis d'Amérique sur nos sociétés. Des innocents font l'objet d'une surveillance permanente des institutions américaines. Des prisons secrètes de la CIA sont installées en Europe. Les chancelleries européennes reçoivent même leurs ordres directement de Washington, lorsqu'il s'agit d'empêcher l'avion présidentiel de l'Etat de Bolivie au-dessus des territoires de l'Europe occidentale. François Hollande, plus européiste que Barroso et plus atlantiste que George Bush, reçoit les applaudissements de la presse financière américaine et des milieux néoconservateurs pour sa soumission à Washington lors du dossier Syrien.

Quand Viviane Reding proclamait la fin des souverainetés nationales

Il y a une chose qui n'a pas été débattue en Europe, jamais, c'est le fait que - comme le déclarait Viviane Réding devant nos Représentants à l'Assemblée Nationale - "il n'y a pas plus politique intérieure nationale. il n'y a plus que des politiques européennes qui sont partagées dans une souveraineté commune." Cela n'a jamais été débattu, jamais cela n'a été accepté, l'Europe a imposé sa domination sur un ensemble plurinational dont les souverainetés ont été dissoutes. C'est que, pour ainsi dire, pour la théorie politique la plus classique et la plus conservatrice, l'Union européenne est devenue une forme impériale de gouvernement.

 Là où - auparavant - l'UE se présentait comme une organisation internationale avancée, elle est devenue aujourd'hui un Empire dont les Commissaires sont les Administrateurs Généraux. L'Histoire des différentes Nations européennes, variée, riche, conflictuelle, se trouve niée et violentée par des technocrates centraux qui n'ont désormais plus que faire des oppositions nationales aux politiques supranationales et néolibérales menées par l'UE, sous l'influence grandissante des lobbies.

Nous devons remettre complètement en cause cette idée que l'Europe devrait faire disparaître la souveraineté des Nations qui la composent.

 

dialoguefracassantHamonpleinepageReding

 

 (1) Voir l'interview de Benoit Hamon, extrait de la pleine page du 13 novembre 2013, l'Est Républicain.

(2) Voir le communiqué de Jean-Luc Mélenchon: http://europe.jean-luc-melenchon.fr/2013/11/19/le-coup-de-force-austeritaire-de-martin-schulz/ Ou encore celui de Jean-Pierre Chevènement: http://www.chevenement.fr/%E2%80%89Non-a-la-nomination-de-l-Allemand-Schulz_a1534.html

 (3) Cédric Durand, En finir avec l'Europe, 2013, Ed. La Fabrique, p.43, Intro: "La nationalité de la propriété est une question qui perd en importance au moment même où le privilège impérial qu'offre la création de l'euro renforce la position de l'Europe en tant qu'espace de valorisation du capital. Mais ce n'est pas un espace homogène. L'UEM [Union Economique et Monétaire] a intensifié les dynamiques de développement inégal au point de réintroduire une logique de type semi-colonial dans la région, qui est devenue manifeste avec la crise".

 (4) Charte des Nations Unies, 26 juin 1945. Article 2: "L'Organisation des Nations Unies et ses Membres, dans la poursuite des buts énoncés à l'Article 1, doivent agir conformément aux principes suivants : 1. L'Organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses Membres."

 

 

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